Enseigner l'oral, une faiblesse française
Judith Chétrit
Sciences Humaines N° 312 - Mars 2019
Un « grand oral » sera introduit en 2021 avec la réforme du baccalauréat. Il vient bousculer les habitudes d’une école dominée depuis Jules Ferry par la culture de l’écrit.
En 1943, quelques années après avoir été un jeune ministre du Front populaire, Jean Zay regrettait qu’aucune part ne soit réservée à « l’enseignement de la parole proprement dite » : « L’écolier apprend à lire, à écrire, à compter, à raisonner non à parler. Or, c’est en parlant que bien souvent il devra exercer sa profession ; c’est en parlant, en tout cas, qu’il lui faudra presque toujours défendre ses intérêts, soutenir sa pensée, convaincre ses interlocuteurs (1). » Soixante-quinze ans plus tard, ce constat implacable semble encore d’actualité. Du côté de l’Éducation nationale, le rapport de Pierre Mathiot sur la réforme du baccalauréat dénonce « un vide majeur », que doit venir combler la mise en place d’un grand oral à l’examen dès 2021.
Si les modalités de l’exercice sont encore en cours de définition, l’élève devrait présenter un exposé sur un projet pluridisciplinaire travaillé pendant les années de première et de terminale devant un jury de trois personnes ne comportant qu’un visage connu de son établissement d’origine, Pour 10 % de la note finale, le jury évaluera sa capacité à « s’exprimer dans un bon français, avec des arguments ». Pour mieux l’y préparer, le ministère prévoit des ateliers de méthodologie et de préparation à l’épreuve dès le [...]
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